15.3.06

Usa-Dollar-Iran / Confirmation Crise Systémique Globale fin Mars 2006

Usa-Dollar-Iran / Confirmation Crise Systémique Globale fin Mars 2006

Neuf indices prouvent que la crise est en train de commencer


A travers notamment l’analyse de 9 indices développée dans le GlobalEurope Anticipation Bulletin N°3, dont j’ai coordonné les travaux, et dont cinq sont présentés dans son communiqué public, LEAP/E2020 confirme son alerte concernant le déclenchement d’une crise systémique globale pour la fin du mois de Mars 2006. Les évolutions internationales récentes affectant en particulier le fonctionnement du système financier international et les évolutions préoccupantes aux Etats-Unis notamment quant à la fiabilité des statistiques concernant l’économie américaine , conduisent en effet notre équipe de recherche à conclure que cette crise systémique globale est déjà en train de commencer.

Tout se joue bien autour de M3 …
Comme l’illustre la plupart des 5 indices présentés dans ce communiqué, les dernières semaines ont confirmé le rôle d’indicateur décisif que constitue la décision par la Réserve Fédérale américaine d’arrêter le 23 Mars 2006 la publication de M3 . LEAP/E2020 est désormais convaincu que cette décision anticipe une période qui va voir une accélération de fonctionnement de la planche à billets des Etats-Unis, camouflée derrière un discours de maîtrise de l’inflation, aboutissant à un effondrement du Dollar US et une monétarisation de la dette américaine (publique et privée) dont un nombre croissant de spécialistes aux Etats-Unis estiment qu’elle ne pourra jamais être remboursée vu son montant gigantesque en augmentation constante (la dette publique américaine représente désormais plus de 8.000 milliards de Dollars , soit près de 4 fois le budget fédéral 2006 ). Selon la très conservatrice Heritage Foundation, si l’on intègre les conséquences budgétaires des décisions prises récemment par l’administration Bush concernant la santé et les retraites, la dette réelle est de 42.000 milliards de Dollars, soit 18 fois le budget fédéral, et trois fois et demi le PIB américain de 2005 .

… et de l’Iran
Tout en confirmant le rôle catalyseur de l’ouverture d’une bourse pétrolière en Euro par l’Iran (dont les récentes déclarations iraniennes laissent entendre qu’en cas d’aggravation de la crise les autorités iraniennes pourraient tout simplement décider d’effectuer leurs transactions internationales en Euro, suivant en cela la Syrie qui a décidé d’adopter cette politique il y a quelques semaines) et/ou d’une attaque américaine et/ou israélienne contre l’Iran qui sera probablement une « attaque surprise » et sans soutien du Conseil de Sécurité de l’ONU , l’ampleur de la réaction à la publication du communiqué LEAP/E2020 a mis à jour un malaise profond d’une partie des acteurs du système financier, en particulier des acteurs individuels. L’impact particulièrement important aux Etats-Unis où les réactions se sont focalisées sur la question, centrale à nos yeux désormais, de M3, de la bulle immobilière, des déficits américains et de la réalité des résultats annoncés de l’économie américaine, a conduit LEAP/E2020 à centrer ce deuxième communiqué mensuel public sur cet aspect de la crise systémique globale, d’autant que des éléments particulièrement préoccupants se sont faits jours ces dernières semaines.

La bulle immobilière vient bien d’éclater…
Par ailleurs certaines des prévisions faites par LEAP/E2020 sont déjà devenues réalité comme l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis (baisse de 5% des ventes de maisons neuves en Janvier 2006 par rapport à Janvier 2005, une première depuis 5 ans, et extension à près de 6 mois du stock de maisons à la vente, chiffre le plus élevé depuis 1998 ). La fin de la bulle immobilière américaine va progressivement affecter la consommation des ménages américains qui est elle-même dépendante de leur endettement croissant gagé sur leurs biens immobiliers , parallèlement le ralentissement de l’immobilier va directement affecter la création d’emploi puisque ce secteur a à lui seul fourni 40% des créations d’emplois privés ces cinq dernières années aux Etats-Unis.

… les monnaies et les bourses des pays émergents sont bien les premières touchées par la crise…
Au cours de la semaine du 20 Février 2006, la baisse de la côte de la Couronne islandaise par les agences internationales de notation du fait de l’ampleur des déficits islandais a entraîné une baisse brutale de 10% de cette monnaie suivie de baisses connexes des monnaies brésilienne, sud-africaine, mexicaine et indonésienne du fait des positions spéculatives prises par les opérateurs intervenant sur les monnaies des marchés émergents. La semaine du 6 Mars 2006, c’est au tour des monnaies d’Europe centrale et orientale d’être brutalement attaquées à cause des craintes que représentent leurs déficits excessifs et des nouvelles politiques (hausses d’intérêts et/ou réduction des liquidités par les banques centrales européenne et japonaise). Enfin depuis le 14 Mars 2006, on assiste à un crash des bourses arabes dont celles d’Arabie saoudite et des Emirats arabes (déjà plus de 15% perdus en vingt-quatre heures et les experts locaux s’attendent à une baisse de 50% à 60% dans les prochaines semaines).

… et la crise de confiance dans l’économie américaine est bien un facteur-clé du déclenchement de crise globale
L’un des éléments laissant penser que la crise est déjà en train de commencer est bien l’extraordinaire impact de l’Alerte LEAP/E2020 de Février 2006, qui constitue en soi un indicateur d’une inquiétude immense à l’échelle mondiale. Selon LEAP/E2020, le système financier international, et en particulier sa base « Dollar » , n’est en fait plus fondé que sur deux piliers interconnectés : d’une part la confiance des acteurs dans le système lui-même, et d’autre part les statistiques qui décrivent l’évolution du système. Au titre de ce deuxième pilier, l’impact de l’Alerte LEAP/E2020 au niveau mondial constitue en soi un facteur très important à analyser puisque les dizaines de millions de pages vues, les centaines de milliers de visiteurs individuels sur le site Europe 2020, les traductions spontanées de l’article dans près d’une vingtaine de langues et sa reprise par des centaines de sites, de médias et de blogs dans le monde, et en particulier la popularité de l’analyse aux Etats-Unis même, témoignent d’une inquiétude croissante face à l’évolution du système lui-même. Cet élément est en effet partie intégrante de la crise systémique globale dans un système où le facteur psychologique, la confiance, est devenu central.

Cinq des neuf indices qui témoignent de l’accélération du processus de crise
Voici selon LEAP/E2020, cinq des neufs indices qui prouvent que la crise systémique a déjà commencé :
1. la situation de cessation de paiement du gouvernement américain depuis la mi-Février 2006, car il a atteint le plafond d’endettement autorisé par le congrès. Depuis cette date, le gouvernement américain a cessé d’émettre les « State and Local Government series (SLGS) nonmarketable Treasury Securities », emprunts des collectivités locales américaines, pour continuer à pouvoir émettre les Bons du Trésor US . D’après le ministre des Finances US, John Snow, si à la mi-Mars, le congrès n’a pas voté une hausse du plafond d’endettement de 800 milliards de dollars supplémentaires (soit 10% du plafond actuel de 8 200 milliards de Dollars US, pourtant déjà augmenté deux fois ces 3 dernières années), la cessation de paiement deviendra effective.
2. la démission surprise du N°2 de la Réserve Fédérale, Roger Ferguson, en charge des crises une semaine après la parution de notre alerte de Février, alors qu’il lui restait encore un mandat de 8 ans . Roger Ferguson était celui que les milieux créditaient de la gestion monétaire réussie du 11 Septembre 2001 puisqu’il était aux commandes alors que Greenspan était en Europe ce jour-là. Son opposition aux choix stratégiques du nouveau président de la Réserve Fédérale américaine était de notoriété publique.
3. la décision par la Banque de Chine, principal organisme chinois gérant les réserves de change, d’autoriser ses clients à échanger leurs Dollars US contre de l’or afin notamment de diversifier ses avoirs aujourd’hui principalement en Dollars US .
4. l’accroissement continu des déficits public et commercial US en 2006 (respectivement $119 milliards pour Février et $68,5 milliards pour Janvier) montre qu’il n’y a aucune maîtrise des tendances en cours, et qu’au contraire on constate une accélération des dérives. Le déficit mensuel du budget est le plus élevé jamais enregistré. Le discours dominant à Washington ne cherche même plus à évoquer un redressement, mais se contente d’expliquer que ces déficits sont sans importance car l’économie a changé. C’était également le discours dominant à la veille de l’éclatement de la bulle « Internet », avec la « nouvelle économie » . On sait ce qu’il en a été. A titre d’information, ces cinq dernières années les Etats-Unis ont emprunté au reste du monde plus d’argent que dans toute leur histoire cumulée de 1776 à 2000 .
5. les doutes croissants aux Etats-Unis même sur la fiabilité des statistiques économiques américaines , qui débouchent sur des analyses indiquant que depuis trois ans le PNB américain est en fait en régression et non pas en croissance , et que l’inflation réelle est actuellement entre 6 et 12% aux Etats-Unis (ce qui évidemment à des conséquences directes sur la rentabilité réelle des différents types d’investissements).


Mesure de l’indice des prix à la consommation selon trois méthodes différentes : en Bleu la méthode utilisée sous la présidence Clinton, en Orange la méthode utilisée par l’administration Bush et en Jaune la méthode en cours d’élaboration par les autorités américaines.


L’anticipation est donc bien de circonstance pour tenter de limiter les dégâts
Une crise systémique se répand comme un tsunami progressant à travers l’océan et affectant les différentes côtes avec des délais variables. Quand la vague touche la côte, le tsunami s’est formé depuis déjà un long moment. Et c’est donc en étant informé le plus tôt possible que chacun peut espérer prendre les mesures nécessaires de sauvegarde. En tout état de cause, pour LEAP/E2020, au vu des neufs indices décrits ci-dessous, il ne fait désormais aucun doute que la crise entre désormais dans sa phase de déclenchement.

Au vu des tendances très lourdes et convergentes en direction de la crise systémique annoncée, seules des tendances tout aussi puissantes pourraient inverser l’évolution décrite par LEAP/E2020. A ce jour, LEAP/E2020 n’est pas parvenu à identifier la moindre de ces tendances « inverses ». Contrairement à ce qu’on peut lire parfois, « les crises arrivent même si elles ne semblent pas dans l’intérêt collectif » (la première guerre mondiale ou la crise de 1929 en constituent deux bons exemples). Les dirigeants internationaux n’ont plus aucune maîtrise des évènements comme le démontre chaque jour la crise iranienne, la guerre civile irakienne, ou l’absence de maîtrise des déficits américains. Il est illusoire de les imaginer en « deus ex machina » résolvant à la dernière minute des problèmes qu’ils ont contribué à développer ces dernières années. Et enfin, en cas de crise, et contrairement à ce qu’il s’est passé ces dernières décennies, le Dollar ne jouera plus le rôle de valeur refuge car la perte de confiance dans les Etats-Unis et leur monnaie (y compris par les Américains eux-mêmes) est justement l’un des facteurs de cette nouvelle crise.


Au-delà des analyses détaillées dans GEAB 3, LEAP/E2020 souhaite donner deux indications claires aux lecteurs de son communiqué public:
. quand une crise systémique globale approche, il est essentiel de diversifier ses avoirs au maximum, car dans l’imprévisibilité de son déroulement, seule cette diversification assure d’éviter de perdre trop. Et c’est là un élément important à garder à l’esprit : dans une crise générale, l’objectif n’est plus de gagner, mais devient de ne pas trop perdre.
. en matière de devises, LEAP/E2020 a pu constater que ses analyses et conseils stratégiques concernant l’Euro ont été lus et commentés largement au plus haut niveau des dirigeants de la zone Euro. Cela renforce notre sentiment que l’Euroland constitue dans les mois à venir la seule zone monétaire capable de résister correctement à la crise du Dollar. Les décideurs ont pris conscience dans les délais nécessaires des mesures à prendre pour le jour venu.